PROCLAMATION INTERNATIONALISTE SUR LE CAPITALISME ET LA GUERRE

Nous publions ci-dessous une déclaration sur le capitalisme et la guerre, adoptée lors d’une réunion internationaliste à Arezzo, à laquelle ont participé des membres de Perspective Internationaliste. Nous commenterons plus tard cette réunion ainsi que d’autres réunions internationalistes pro-révolutionnaires qui ont eu lieu cet été.

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Alors que le système capitaliste mondial entraîne le monde dans des guerres et misères croissantes, ceux qui refusent de prendre parti dans ces guerres et luttent pour mettre fin au système qui en est à l’origine sont encore peu nombreux. C’est donc un signe prometteur que, cet été, plusieurs réunions élargies de révolutionnaires internationalistes provenant de nombreux pays différents aient été organisées en Europe. Début juin, le dernier jour du congrès anti-guerre de Prague, nous avons convenu de la nécessité d’une courte déclaration sur le capitalisme et la guerre qui exprime nos positions communes et pouvant servir de base à la poursuite d’un travail en réseau et d’une action commune. Cette déclaration a été rédigée après la fin du congrès. Elle a été discutée, amendée et approuvée lors de la réunion internationaliste d’Arezzo, réunion où l’on a exprimé l’espoir qu’elle soit discutée plus amplement par les participants au congrès de Prague et par ceux qui se réuniront ce mois-ci à Poznan.

PROCLAMATION INTERNATIONALISTE SUR LE CAPITALISME ET LA GUERRE

1. À notre époque, toutes les guerres sont des guerres capitalistes. Bien que les circonstances spécifiques dans lesquelles elles éclatent puissent être très différentes, elles sont toutes enracinées dans le système capitaliste, qui est basé sur la concurrence et l’exploitation.

2. Si l’impérialisme est une caractéristique constante du capitalisme depuis ses débuts, la crise systémique à laquelle le capitalisme est confronté aujourd’hui et l’instabilité qu’elle engendre poussent la concurrence économique à un conflit militaire et créent des occasions de le mener. Cette crise ne fera que s’aggraver, rendant inévitable la perspective d’une généralisation des guerres tant que le capitalisme continue d’exister.

3. La classe ouvrière, l’immense majorité de l’humanité, n’a rien à gagner et tout à perdre dans la guerre. Elle en est toujours la principale victime. La défense nationale et la libération nationale impliquent de se battre et de mourir pour les intérêts d’une faction de la classe capitaliste contre une autre. Cela signifie tuer (et être tué par) d’autres membres de la classe ouvrière pour le pouvoir et le profit de la classe qui nous exploite et nous opprime.

4. Nous rejetons à la fois le nationalisme et la démocratie qui sont les principaux outils idéologiques par lesquels la classe capitaliste crée l’illusion que ses intérêts et ceux de la classe ouvrière à l’intérieur de ses frontières sont les mêmes, et par lesquels elle mobilise pour la guerre et justifie la militarisation de la société.

5. Il n’existe pas de solutions différentes pour les nombreuses menaces existentielles qui pèsent sur l’humanité. Un capitalisme pacifique, un capitalisme vert, un capitalisme socialement juste ne sont que des chimères pour cacher la réalité d’une horreur croissante. La guerre, le nettoyage ethnique, le génocide, l’écocide, les catastrophes climatiques, les pandémies, la pauvreté, l’insécurité, les migrations forcées, le sans-abrisme, le stress et la démoralisation continueront à s’aggraver, en même temps que la crise du capitalisme qui est à l’origine de tout cela. Il n’y a donc qu’une seule solution à tous ces problèmes : clore le chapitre capitaliste de l’histoire de l’humanité.

6. Nous ne sommes pas des pacifistes. Nous n’appelons pas à des négociations ou à des interventions de l’ONU, à des résolutions parlementaires, à des cessez-le-feu, etc. Nous n’appelons pas la classe dirigeante à agir “raisonnablement”, car nous savons qu’elle en est incapable. Nous comptons sur une résistance autonome et classiste au capitalisme. La classe ouvrière mondiale est la seule force sociale capable de mettre fin au capitalisme et d’établir une communauté humaine basée sur la satisfaction des besoins plutôt que sur la contrainte du profit.

7. Mais elle a un long chemin à parcourir. Sa lutte ne peut pas être seulement économique, elle doit aussi être politique et se confronter à l’État. Elle doit refuser de se soumettre à la logique guerrière du capitalisme. Nous soutenons les prolétaires des deux camps qui refusent de se battre, qui désertent, qui fraternisent au lieu de s’entretuer. Nous soutenons le sabotage de la machine de guerre et la résistance collective contre la conscription, la mobilisation et la militarisation de la société.

8. Mais l’oxygène dont dépend la machine de guerre, c’est l’exploitation du prolétariat, l’extraction de la plus-value. Sans elle, elle serait paralysée. On ne peut donc pas arrêter la guerre sans mettre fin à l’exploitation. De plus, pour développer les efforts de guerre, la classe dirigeante doit s’attaquer au salaire social, imposer l’austérité. En luttant contre l’austérité, les travailleurs luttent contre la guerre, consciemment ou non. Plus ils mènent ce combat de manière autonome, sans aucune collaboration avec la classe capitaliste et son État, plus il peut s’épanouir en une lutte contre l’exploitation, une révolution qui met fin au capitalisme, à ses guerres et à sa misérable “paix”.

Rencontre internationaliste d’Arezzo – Juin 2024

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